Surya namaskar représente le cycle de toute vie, depuis le non manifesté s’incarnant dans la matière, jusqu’au retour au non manifesté ayant acquis une conscience supérieure.

Elle symbolise ainsi la démarche générale du Yoga.

Ce salut symbolise le cycle de la vie, de la naissance à la mort : l’énergie présente en chaque être développe au travers de la vie une plus grande conscience. Enrichie de son expérience, elle retourne à sa source, comme promesse de vie perpétuée. En Occident, la salutation au soleil se pratique comme un exercice merveilleux d’efficacité, nous reliant à la vie, composé de 12 mouvements qui s’enchaînent et dont certains se retrouvent, s’inversant dans leur exécution. (12 représente, entre autre, la révolution de la terre autour du soleil en 12 mois lunaires).

Chacun des 12 mouvements correspond à un symbole particulier.

Suryanamaskar commence par une posture d’unité, de recentrage (Samasthiti) représentant la plénitude du vide, le rassemblement de toutes les virtualités. Les paumes de mains jointes (namasté) expriment les énergies non différenciées, unies. Tenue poumon vide, elle est l’expression de l’immobilité, de l’attente. Rien encore n’est exprimé. C’est l’avant fécondation, l’avant “big-bang”.

Puis le premier inspir entraîne le mouvement initial, l’ouverture , la naissance de l’être humain ; sur le plan cosmique c’est le début de la manifestation. L’apparition de la dualité, des polarités s’expriment par la séparation des bras ; l’être est encore orienté vers le transcendant comme l’indique la paume des mains et le regard dirigés vers le ciel. Le monde matériel a encore peu d’impact. La force vitale commence doucement à entrer en action.

La flexion avant (uttànàsana) marque le passage à la matérialisation. Les mains touchent la terre. L’action se concrétise. La concentration de l’attention, lors de cet expir profond, dans l’abdomen va permettre aux énergies les plus grossières de s’y fixer afin d’accroître la vitalité physique nécessaire aux étapes ultérieures. La conscience progresse lentement dans la matière. Dans le salut du guerrier, du héros bénéfique (Virabhadràsana), l’homme utilise ses énergies physiques et spirituelles par un inspir dynamique.

C’est l’hommage à la lumière qui habite le monde.

Le genou fléchi en terre marque l’humilité, le respect de l’homme face au créateur, tandis que l’ouverture de la poitrine exprime la dimension de générosité que doit avoir toute action. Le regard dirigé droit devant soi est symbole de franchise.

Le chien qui s’étire face tournée vers la terre (Adhomukha Svanàsana) l’homme prend appui fortement sur le sol pour construire sa posture, tout comme sa vie. C’est une empoignade avec le monde de la matière qu’il va falloir domestiquer, transformer. Les pieds (symbolisant le contact avec les réalités) et les mains (exprimant une idée de possession, d’affirmation) vont conjuguer leurs efforts pour permettre à la tête, de se rapprocher du sol, afin que l’esprit guide la matière. Cette prise de conscience est indispensable pour atteindre l’étape de la maturité. L’étirement de la face ouest du corps, correspondant au non-conscient de l’être, tend à éveiller l’intelligence intuitive.

L’expir profond et le regard dirigé vers l’abdomen accentuent encore le rôle prépondérant de l’énergie caractéristique de cette zone, utile pour positiver sa vie. La posture du froetus (Garbhàsana ) est le deuxième regroupement de l’être dans cette partie du cycle de la vie. Correspondant à la fin d’un expir, puis à une inspiration nouvelle, il symbolise enfin la fécondation de la matière par l’esprit universel.

L’homme est prêt pour s’exprimer totalement dans le monde.

La prosternation : pendant l’expir suivant, la reptation a permis le passage à la posture à plat ventre, attitude d’humilité parfaite. Tout l’avant du corps ainsi que le front, sont en contact avec le monde visible. C’est le stade de l’incarnation nécessaire à la manifestation de la conscience. Cette attitude se retrouve dans certaines pratiques initiatiques, religieuses où elle marque l’abandon de l’ego, la prosternation.

Enfin, le point culminant du cycle est atteint avec le cobra (Bhujangàsana) . La poussée ferme de la base du corps contre la terre permet, sans risque, au haut du buste et à la tête de se redresser fièrement. Le regard brave, la poitrine ouverte, l’inspir marque l’harmonie établie entre le monde de l’action et le monde de l’esprit, entre le faire et le recevoir. L’équilibre souhaité entre la terre et le ciel peut se traduire par l’enracinement du bassin dans le sol et la direction verticale de la partie supérieure de l’axe vertébral (poitrine, gorge, tête). Les trois chakra inférieurs liés aux énergies grossières sont ancrés dans la terre alors que les chakra d’énergies plus subtiles sont en relation avec l’espace, signifiant clairement que le but majeur de la vie est la connexion entre l’énergie de la matière et la dimension spirituelle.

Le salut se poursuit par l’enchaînement des postures n° 9 à 12 qui n’est autre que l’enchaînement précédent (n° 2 à 5), pratiqué en ordre inversé et se termine par le retour dans la posture n°1. Nous pouvons décomposer Surya namaskar en deux parties faites d’alternances, d’ouvertures et de fermetures, de mouvements dirigés vers le ciel et d’autres vers la terre, de postures fermes, toniques, puis de relâchements, de mouvements d’intégration. Ces deux phases, distinctes symboliquement, s’expriment par des figures communes qui s’inversent par rapport à la figure centrale, le cobra. La descente progressive de la conscience dans la manifestation, dans l’incarnation atteint son apogée ; le contact avec la terre est total. Puis l’alliance avec l’esprit s’établit et la remontée vers la dimension spirituelle, l’allégement de l’être entraîne le redressement du corps, le retour à la verticalité . L’unité primordiale est réintégrée.

La salutation au soleil accomplit une révolution physique et spirituelle grâce à laquelle, la conscience élargie, les sens affinés, l’homme pourra percevoir l’énergie cosmique, l’Un absolu qui l’anime.

Stéphane Chollet

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